Bien.
Le temps est venu de donner quelques explications, y compris aux crétins lanceurs de soupe.
À condition que leur créateur les ait dotés d'une once de réflexion et d'une vision binoculaire, comme chacun de nous.
Elle se différencie en cela de nombreux animaux qui ont une vue nettement supérieure à la nôtre.
Quoique les crétins en question ne soient pas dignes d'être considérés à l'égal desdits animaux.
Je n’ai pas la prétention de donner un cours sur la vision binoculaire.
Allez voir le sieur Wikipédia (quoiqu’on en pense), il vous expliquera cela d'une manière tout à fait compréhensible.
Retenons simplement que la vision binoculaire est la conjonction de deux images perçues par chacun des deux yeux, chacune étant légèrement différente de l'autre du fait de l'écartement modeste des deux globes oculaires.
Le champ de vision d'un seul œil est en moyenne de 150 degrés alors qu'avec les deux yeux il peut couvrir 180 degrés.
Le cerveau fusionne les deux images afin d'obtenir une vision stéréoscopique qui permet d'apprécier les distances.
Ainsi l'œil est conçu pour voir ce qui bouge et non ce qui est fixe.
Un objet fixe entraînera de petits mouvements saccadés et imperceptibles des yeux, à défaut de quoi nous ne pouvons le voir avec précision.
Pour empêcher ces mouvements, il faudrait neutraliser une partie du cerveau qui est dédiée à cette tâche...
En d'autres termes, lorsque l'objet est immobile, si le regard est totalement fixe aussi, sans mouvement, l'œil humain aura du mal à le voir avec précision.
Les multiples mini mouvements saccadés augmentent les angles de vue et donc les données stéréoscopiques envoyées au cerveau afin de discerner les détails.
Un peu comme un GPS qui localise une surface au sol.
Plus le nombre de satellites qui vont recueillir et croiser leurs informations est important, à partir d'angles différents, plus les détails du lieu seront précis.
Par exemple, en navigation marine (si on aime ça) on peut faire une « triangulation optique », c’est à dire relever avec un un compas de relèvement trois amers (repères sur terre visibles à l’œil nu) situés à des angles différents, que l’on reporte en les traçant sur une carte marine avec une « règle Cras » ou un « rapporteur Breton » gradués en centimàtres et en milles nautiques (*) .
En faisant un recoupement des trois angles on détermine la zone approximative dans laquelle on se trouve.
« Faire le point » dans le langage approprié (sans informatique, ni batteries ni piles – à l’ancienne)
Nécessairement une zone triangulaire.
Cette méthode antique est très utile (**) mais il est impossible d'avoir un point précis à plusieurs centaines de mètres près.
Donc, comme pour nos yeux à vision binoculaire, grâce à la multitude des sources, plus on relève de points sous des angles différents, plus la zone triangulaire diminue en proportion et plus on affine la position (la précision).
C’est pourquoi un GPS qui combine de multiples faisceaux à des angles différents permet une localisation à précision métrique (voir moins avec des satellites militaires).
L'œil humain suit la même logique lorsqu'il bouge par saccades rapides pour déterminer les détails d'un objet en multipliant les angles de vue.
La difficulté survient lorsque l'on regarde un objet en deux dimensions.
C’est-à-dire une surface plane sans profondeur.
Un tableau est une image plane en deux dimensions (Largeur et Hauteur = X et Y) alors qu’un cube est un volume en trois dimensions (Largeur, Hauteur, Profondeur = X, Y et Z).
Donc en fixant le regard d'un personnage sur un tableau, on est assuré que celui-ci est nécessairement immobile.
Si ce n'est pas le cas...vous êtes en présence d'un phénomène paranormal ou d'un fantôme qui vous suit du regard dans son cadre.
Comme cela est assez peu fréquent (même dans les beaux châteaux écossais hantés), votre vision binoculaire va prendre plusieurs relevés sur la totalité du tableau, et le regard du personnage donnera toujours le même relevé car il est fixe et situé sur un espace très réduit.
De sorte que logiquement vous ne devrez pas détecter de mouvement dans le regard du personnage.
Il est censé regarder toujours au même endroit et votre cerveau devrait vous envoyer des informations cohérentes à ce sujet, confirmant que le regard du personnage ne change pas de direction... puisqu'il n'est pas un fantôme.
Bon, jusque-là ça va ? (c’est bien le dessin, mais à expliquer ça peut être très …… à vous de choisir le qualificatif)
C'est à ce stade qu'il faut comprendre qu'entre la théorie et la réalité, la nature humaine reprend le dessus, notamment par ses petites imperfections.
Il paraît qu'elles font le charme de notre espèce.
Effectivement, un être parfait serait vite insupportable pour ceux qui ne le sont pas.
C'est-à-dire je pense la quasi-totalité d'entre nous, heureusement.
Donc, au titre de nos belles imperfections :
- lorsqu'un visage en deux dimensions n'a pas d'information de profondeur sur un tableau (en 2D)
- qu’il est tourné vers la gauche ou vers la droite dans un angle qui n'est pas supérieur à 5 degrés,
- que ses yeux regardent immédiatement en face, c'est-à-dire perpendiculaires à la surface du tableau, sans tourner à 5 degrés ou autre (le visage tourne mais pas les yeux qui visent toujours en face).
- le cerveau va enregistrer la fixité du regard puisqu'il ne bouge pas...et il va hésiter à déterminer si le visage est réellement de face ou s'il est très légèrement tourné.
Les informations floues d'un léger mouvement de rotation de la tête, inférieur à 5 degrés, vont se conjuguer avec les informations de fixité du regard et du visage.
- Pour augmenter cette hésitation, on joue avec les reflets de lumière dans la pupille et en les plaçant dans l'angle du visage (c'est-à-dire 5 degrés dans sa direction), le cerveau va enregistrer trois informations contradictoires :
1. Le visage hésitant est légèrement tourné dans une direction selon un angle inférieur à 5 degrés,
2. Le regard vise toujours en face, perpendiculaire à la surface du tableau,
3. Les reflets dans les pupilles sont aussi dans l'angle du visage, (de 5 degrés également), alors que les yeux et donc les pupilles, regardent droit devant.
Ainsi, le personnage du tableau en deux dimensions vous suivra du regard, comme un fantôme, que vous vous déplaciez à sa gauche, à sa droite, au-dessus ou au-dessous de lui.
C'est bon la soupe, non ?
Elle fait grandir paraît-il.
Mais elle ne rend pas les crétins plus malins.
Au fait, toutes ces explications ne correspondent qu'au personnage numéro 3, bien sûr.
Pour les autres c'est une autre paire de manches (géométriques et optiques).
Pas trop en même temps, pour ne pas saturer l’esprit et noyer le seul résultat graphique dans une « soupe » théorique.
Mais ces doctes explications sont peut-être plus aisées à expliquer qu’à mettre en pratique.
Dessinez.
Peu importe la beauté du trait, ça marche même avec des patates graphiques !
Si cela vous tente, je vous y encourage vivement, courage et patience.
Tout le monde peut le faire.
D'accord, vous n’exposerez peut-être pas au MET, pas tout de suite du moins, mais on peut comprendre plein de choses en les dessinant.
Pas vrai les profs de géométrie ?
Laissez tomber un instant les programmes et faites un peu d’art graphique, les élèves adorent.
Pas vous ?
Alors pourquoi souiller l'art ?
Agresser une œuvre d’art est une atteinte au patrimoine historique.
Les crétins savent qu’il existe, mais ils ignorent que c’est le leur.
S'il est à tout le monde, autant en faire ce que l’on veut...
Ce terrorisme d’accaparement du bien commun, propre aux régimes totalitaires, pourrait s'appliquer avec la même logique à ceux qui soutiennent les crétins.
Certains Hôtels de Ville débordent d’œuvres d’art, de tapisseries, de toitures dont les ornements ont été rénovés aux feuilles d’or avec des deniers publics.
Pourquoi choisir un musée sans grande protection et pas un Hôtel de Ville qui soutien et abrite les lâches ?
Le second est gardé par un service d'ordre
Dans mon commentaire sur l'atteinte à la Joconde au Louvre, j'ai évoqué le risque d'une dégradation future d'une œuvre non protégée par une paroi vitrée.
Et par mon clin d'œil à des nénuphars célèbres, je n'imaginais pas qu'une œuvre de son auteur serait la cible d'une détérioration si rapidement.
Je suis proche du musée où le tableau de Monet a été agressé et détérioré.
Et proche de ce qu’il évoque.
Attention à ne pas le confondre avec d'autres oeuvres de Monet qui portent le même titre générique de "Printemps". Monet aimait particulièrement le Printemps, à tel point qu'il en peint plusieurs. Pour les identifier, il faut ajouter le lieu qui concerne l'oeuvre. Celui exposé au Musée des Beaux-Arts de Lyon est référencé ainsi :
Le Printemps (C Monet - W 586) Huile sur toile, 60 x 81 cm, 1880, musée des Beaux-Arts, Lyon.
Il représente la vallée de la Seine vue des coteaux qui dominent Vétheuil avec, dans le fond, La Roche-Guyon (Voir ci-dessous et cliquer pour agrandir)
Finalement, plus de peur que de mal ( à lire : https://tribunedelyon.fr/societe/le-tableau-de-monet-asperge-de-soupe-au-musee-des-beaux-arts-de-lyon-na-pas-ete-endommage/
J'ai écrit au ministère de tutelle et aux deux maires concernés par ces atteintes à la protection du patrimoine national pour leur demander où en étaient les poursuites et quelles étaient les mesures prises pour la préservation des agressions contre les œuvres d'art (biens publics).
Leur indiquant que je publierai et diffuserai leur réponse comme une information nécessaire à tout citoyen, ou leur absence de réponse. Sauf communiqué officiel.
Je vous ferai part de l'une ou l'autre de ces éventualités.
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(*) (…pas une carte « Michelin », sinon on va dans les cailloux – ce que j’ai vraiment vu)
(**) (déjà en cours chez les navigateurs phéniciens qui partaient de Byblos ou Tyr et Sidon – actuel Liban - pour aller jusqu’en Irlande chercher l’étain, en passant par les colonnes d’Hercules – détroit de Gibraltar ; à faire si au 21ème siècle vous cherchez encore « l’aventure », si vous avez quelques mois devant vous…et les tripes bien accrochées dans le golfe de Gascogne)
Le Printemps (C Monet - W 586) Huile sur toile, 60 x 81 cm, 1880
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Philippe PETRETO
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